
TPE
L’étymologie du mot « eugénisme » signifie « bonne race » ou « bonne naissance ». L’eugénisme est défini en 1833 par l’anglais Francis Galton comme la science de l’amélioration de la race ; c’est essentiellement "un assainissement du milieu qui permet à la vie de se déployer dans les meilleures conditions".
L’eugénisme a eu pour conséquence de vouloir épurer les groupes humains de ce qui menace leur intégrité biologique, avec en particulier l’élimination des personnes jugées trop faibles ou susceptibles de transmettre une « malédiction ».
C’est donc (comme vu précédemment), avec la barbarie nazie que l’eugénisme a pris sa dimension la plus criminelle de manière démesurée avec sa planification systématique et son nombre effarant de victimes. Il faut bien noter que l’Allemagne n’est pas une exception puisque de nombreux pays industrialisés auront des lois qui permettront la « stérilisation forcée », y compris après la seconde guerre mondiale.
Dans ces perspectives « d’épuration de groupes humains », la personne n’est plus rien, elle ne tire la légitimité de son existence qu’au regard de ce qu’elle peut apporter à une collectivité qui doit se protéger de tout ce qui tend à corrompre son intégrité.
Revenir sur ces périodes sombres de l’histoire est nécessaire pour deux raisons ici :
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Pour rappeler l’histoire et montrer que les peurs liées à l’élimination systématique ne sont pas un fantasme puisqu’elles ont déjà eu lieu et ce dans des proportions effrayantes ;
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Mais aussi, cela permet de remettre à sa place l’argument de l’extermination potentielle des malades ou des personnes qui constituent une charge sociale : en effet, nous ne sommes pas du tout dans le même cadre que celui de l’euthanasie réclamée par des patients qui ne supportent plus de souffrir ou qui veulent disparaître avant de se perdre totalement dans leur souffrance.
Aujourd’hui, assimiler eugénisme et euthanasie ou bien invoquer l’eugénisme pour refuser le droit de mourir, revient à augmenter la douleur de celui qui ne veut plus vivre en associant sa demande aux crimes de l’histoire, en effet des personnes comme Vincent Humbert n’ont pas à porter la responsabilité d’un éventuel triomphe posthume du nazisme.
Ainsi, peu importe que l’on soit pour ou contre, l’euthanasie se distingue, dans son principe, de l’eugénisme car elle ne représente qu’une demande tournée vers soi tandis que l’eugénisme représente une décision de la vie de l’autre.
Euthanasie et eugénisme.
Pérou : Au Pérou, le président Alberto Fujimori (1990-2000) a été accusé de génocide et de crimes contre l'humanité en raison du programme de stérilisation mis en place. Le Pérou avait alors mis en place un programme de stérilisations forcées contre des Amérindiennes, au nom d'un « plan de santé publique », présenté le 28 juillet 1995. Le 9 septembre 1995, Fujimori présente un projet de loi modifiant la « loi générale de la population », afin d'autoriser la stérilisation. Des méthodes de contraception sont aussi légalisées, toutes sortes de mesures auxquelles s'opposent fortement l'Église catholique ainsi que l'Opus Dei. En février 1996, l'OMS elle-même félicite alors Fujimori pour son plan de contrôle démographique.
En juillet 2002, le Rapport final commandé par le ministère de la Santé montre qu'entre 1995 et 2000, 331 600 femmes ont été stérilisées, tandis que 25 590 hommes subissaient une vasectomie. Selon l'accusation de la députée Dora Núñez Dávila en septembre 2003, 400 000 Amérindiennes auraient ainsi été stérilisées dans les années 1990.
Suède : Des années 1930 aux années 1970, la Suède a stérilisé 62 000 personnes sur une population totale de plus de six millions d'habitants. La stérilisation était une condition préalable pour pouvoir conserver la garde des enfants, toucher une aide sociale, ou être libéré de prisons ou d'institutions psychiatriques. La législation eugénique fut votée en 1934 et abolie en 1976. Une enquête gouvernementale publiée en 2000 a estimé que 21 000 personnes avaient été stérilisées de force, 6 000 stérilisées avec un accord formel, tandis que les motifs de 4 000 autres cas de stérilisation restent indéterminés. Le programme avait comme objectif principal de prévenir les maladies psychiatriques. Néanmoins, tout comme au Canada et aux États-Unis, il comportait un caractère raciste car les responsables du programme et les médecins qui se chargeaient des stérilisations croyaient fortement en une connexion entre la « race » et l'« intégrité génétique » des individus. Plus tard, les « malades mentaux » représentaient la plus grande partie des victimes.
Etats-Unis : Les États-Unis ont été le premier pays à mettre en place un programme officiel de stérilisations contraintes, dans le cadre d'une idéologie eugénique représentée par Madison Grant et d'autres. Ils ont stérilisé contre leur gré plus de 64 000 personnes des années 1900 aux années 1970. Le programme visait d'abord les retardés mentaux et personnes atetintes de troubles psychiques. Certains États visaient aussi les sourds, les aveugles, les épileptiques et les victimes de malformations congénitales.
Après la Seconde Guerre mondiale et les politiques d'extermination de l'Allemagne nazie, qui comprenaient un volet eugénique, l'opinion publique devint moins favorable aux programmes de stérilisation. Pour autant, les pratiques de stérilisation continuèrent à un niveau relativement élevé jusqu'au début des années 1960.


La stérilisation contrainte : un phénomène d'eugénisme.
France : Le « Rapport sur les problèmes posés par les pratiques de stérilisation des personnes handicapées » publié par de l'Inspection générale des affaires sociales en 1998, a mis en lumière un certain nombre de questions. Des données déclaratives émanant d'hôpitaux permettent de repérer « en 1996 environ 15 cas de stérilisation d'hommes handicapés sur les 423 actes de ligatures des canaux déférents et quand même 2 % de stérilisations de femmes, handicapées ou en grandes difficultés sociales, selon le diagnostic associé, c'est-à-dire 211 cas sur 1 045 317 »
Le Japon et les États-Unis furent les premiers à le faire, suivis par la Suède, l'Allemagne nazie, le Pérou d’Alberto Fujimori dans les années 1990, le Canada, la France, la Suisse, etc. De tels programmes sont imposés à certaines catégories de la population, qui, dans le cadre de théories eugéniques (et parfois racistes) sur un prétendu risque de « dégénérescence raciale », sont stérilisées contre leur gré, parfois à leur insu.
Le scandale de l'Allemagne nazie : Le programme d'euthanasie
On pense que la planification du programme d’euthanasie commença au début du mois de juillet 1939 ; en effet, Hitler signa une autorisation secrète visant à protéger les médecins et autres participants aux programmes contre toutes éventuelles poursuites en octobre 1939. Cette opération secrète portera le nom de « T4 » suite à l’adresse du bureau de coordination du programme (Tiergartenstrasse 4). Pour cette opération, six installations de gazages furent installées à différents endroits.
Les victimes de l’opération incluaient à l'origine les enfants et les adultes atteints de déficiences, d'anomalies physiques ou de maladies mentales, ils étaient sélectionnés par les médecins du T4. Ces médecins examinaient rarement les patients, ils se contentaient souvent de regarder les dossiers médicaux et les diagnostics établis par le personnel des institutions d'où provenaient les victimes afin de prendre leur décision.
Ceux qui étaient sélectionnés étaient transportés au "sanatorium" qui servait de centre de gazage. On disait aux victimes qu'elles allaient passer 'une évaluation physique puis qu'elles allaient prendre une douche désinfectante. Au lieu de cela, elles étaient tuées dans des chambres à gaz avec du monoxyde de carbone pur. Leurs corps étaient immédiatement incinérés dans le four crématoire des installations de gazage. Le décès soudain de plusieurs milliers de patients préalablement accueillis dans des institutions provoqua la suspicion. En fin de compte, le Programme d'euthanasie fut rapidement connu des allemands.
Hitler donna l'ordre d'arrêter le Programme d'euthanasie fin août 1941, suite à des protestations publiques à leur encontre. Pour autant, cela ne signifia pas la fin de toutes les opérations d'euthanasie. En août 1942, les exterminations reprirent en secret. Les victimes furent assassinées non pas dans des centres de gazages mais par injection mortelle de drogue qu'un certain nombre de cliniques administraient à travers l'Allemagne et l'Autriche. Le Programme d'euthanasie se poursuivit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale en s'élargissant. En effet, d'autres catégories de victimes furent inclues : les soi-disant "asociaux", les victimes des bombardements et les travailleurs forcés étrangers. Les assassinats eurent aussi lieu à l'intérieur des camps de concentration.
Pendant la phase initiale des opérations, de 1939 à 1941, environ 70 000 personnes furent tuées dans le cadre du Programme d'euthanasie. Lors des débats du Tribunal militaire international à Nuremberg (1945-1946), on estima que le nombre total des victimes atteignit 275 000 personnes.